Progrès et obstacles dans les États Àrabes

(D'après les rapports de 51 organisations d'Algérie, Bahreïn, Égypte, Irak, Liban, Jordanie, Libye, Maroc, Palestine, Qatar, Arabie saoudite, Soudan, Syrie, Tunisie et Yémen)

PROGRÈS: Là où il n'y a pas de paix, les progrès sont difficiles. Par exemple: "Pendant ses quatre années d'existence, notre organisation, basée sur l'intervention non violente en Palestine, a observé une régression dans notre champ d'action. Plus de 100 missions et plus de 2 000 citoyens envoyés là-bas constatent jour après jour la détérioration de la situation des Palestiniens sous plusieurs aspects et leur désespoir croissant. Les principaux obstacles qui ont freiné le progrès sont l'acharnement du gouvernement israélien à nier les droits fondamentaux et nationaux du peuple palestinien, et la politique violente appliquée par ceux qui exigent une réponse violente." De même, une organisation qui s'efforce de maintenir un centre pour la paix en Irak: "Au début, au centre pour la paix en Irak, nous pensions que tout se passerait très bien. [...] Nous avions créé de nombreux programmes sur la culture de la paix et l'échange culturel, mais aucun n'a abouti. Les causes de ces échecs sont la situation économique actuelle de l'Irak et les énormes vagues de violence qui ont détruit le pays."

Mais le progrès n'est pas impossible. Ainsi, par exemple, une organisation travaillant en Palestine dit: "La paix nous glisse entre les mains. Mais en même temps, de plus en plus de gens s'engagent à oeuvrer pour la paix. Il y a un nombre record d'organisations qui s'efforcent de promouvoir la paix." Le projet israélo-palestinien: 'La bonne eau fait les bons voisins', organisé par l'ONG internationale Friends of the Earth Middle East, a réussi à mener des "actions de réconciliation concrètes et pratiques sur le terrain, conduites par des jeunes volontaires agissant comme fidéicommissaires de l'eau dans le cadre du projet de chaque communauté sur l'eau commune et les questions environnementales qu'ils partagent." Un institut de résolution de conflits à Ramallah a développé des "techniques pacifiques de résolution de conflits au sein d'une génération de futurs dirigeants par la conception et la mise en pratique de programmes et de services uniques [...], dont bénéficient plus de 50 000 personnes en Palestine grâce au développement de projets et de programmes d'assistance." En Irak, une commission pour les entreprises de la société civile a "établi un large réseau d'organisations qui s'occupe du travail et des activités des diverses organisations pour encourager la participation politique, développer les capacités de la communauté et contribuer au développement durable."

Dans le reste de la région, toutes les organisations de société civile observent des progrès. Le nombre de projets et d'organisations impliquées sont en hausse. Ces améliorations sont constatées dans les domaines de la participation démocratique, du rôle de la femme et des activités liées auxdroits de l'homme, ainsi que dans les dialogues pour la tolérance et la compréhension entre les religions. Par exemple: "Oui, nous avons fait des progrès. Nous avons dirigé un programme pour le dialogue entre les différentes parties adverses, y compris les islamistes, et nous avons élaboré ensemble une formule nationale pour obtenir une réforme politique au Yémen. De plus, nous avons réussi, en coopération avec des associations de femmes du Yémen et d'autres organisations internationales

agissant au Yémen, à arracher à tous les partis politiques, même à celui du gouvernement, une promesse préalable d'adopter un système de quotas pour la participation des femmes aux prochaines élections." Bien que de nombreuses organisations reconnaissent que donner du pouvoir aux femmes et établir l'égalité entre hommes et femmes sont deux priorités essentielles pour le progrès de la démocratie et d'une culture de la paix, rares sont celles qui se consacrent aux droits politiques ou à l'éducation civique des femmes.

En général, le rôle croissant des organisations de la société civile dans certains pays est devenu un élément important dans l'élaboration des politiques, ainsi que dans le blocage de certaines activités publiques ne respectant pas la culture de la paix, comme en Égypte, au Liban, en Jordanie, au Yémen et au Maroc. Quelques partenariats se sont également créés avec succès entre des organisations de la société civile et des gouvernements, dans des pays comme l'Algérie, la Jordanie et l'Égypte.

OBSTACLES: Les aides financières insuffisantes et inadéquates sont un obstacle universel. La compétence humaine constitue un autre écueil. Plus d'assistance technique est nécessaire pour s'occuper du renforcement des capacités, de la réalisation de projets, de la durabilité et du marketing, afin d'inciter une plus grande partie de la société civile et du secteur privé à participer.

Le réseau s'élargit, mais reste insuffisant pour des activités communes et une coopération solide, surtout en matière de coopération avec des associations étrangères: "Autre défi technique : le manque de coordination sur le terrain, aussi bien entre les institutions internationales et les ONG locales qu'entre les différentes ONG." Bien que la majorité des organisations arabes de la société civile affirment appartenir à des réseaux avec d'autres organisations arabes, elles ne font état d'aucun projet commun susceptible de leur donner l'occasion d'élargir géographiquement leur activité ou de tirer parti de la mise en commun de leurs potentiels. En matière de coopération gouvernementale, la situation varie selon le pays, mais en règle générale, elle est plus développée dans les domaines de l'éducation, du développement durable et de la paix internationale, tandis qu'elle pose plus de problèmes en ce qui concerne les droits de l'homme et l'égalité entre les femmes et les hommes.

Les médias sont considérés comme un obstacle important, comme le montrent les exemples suivants. Le premier obstacle est "l'indifférence des médias locaux et internationaux envers nos activités". De plus, les médias internationaux "semblent plus intéressés par la violence et les bombardements dans la région, alors que nous préférons souligner l'existence réelle d'un dialogue, d'une coopération et d'activités communes entre Israéliens, Palestiniens et Jordaniens.". Il faut ajouter à cela le "manque de compréhension mutuelle et le manque d'information précise entre les Arabes et l'Occident, ce qui a fait naître un climat peu propice à la réussite de nos objectifs."

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