Progrès et obstacles en Afrique

(D'après les rapports de 84 organisations nationales du Bénin, Burundi, Cameroun, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Malawi, Nigeria, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, République sud-africaine, Tchad, Togo et Ouganda, ainsi que d'organisations régionales comme l'Organisation panafricaine des femmes et la Federation of African Women's Peace Networks, dont les organisations affiliées sont présentes dans de nombreux États.)

PROGRÈS: Sur l'ensemble du continent africain, certains rapports sont plutôt négatifs. Par exemple: "Les guerres interminables, comme celles que nous avons vécues au Rwanda ou au Burundi dans les dernières années du XXe siècle, n'étaient pas fréquentes dans la première moitié de cette décennie. Mais la crise du Darfour, les guerres sporadiques comme les combats qui ont eu lieu en Afrique orientale, et les déplacements croissants de populations à cause de problèmes sociopolitiques dans de nombreux pays d'Afrique laisseraient presque penser que beaucoup de sociétés africaines évoluent vers la violence plutôt que vers une culture de la paix. Parmi les obstacles, nous trouvons des situations sources de violence, à caractère principalement socioéconomique: pétrole dans le delta du Niger, au Nigeria, diamants au Liberia et en Sierra Leone, territoires au Rwanda et au Burundi; ainsi que plusieurs conflits qui ont éclaté entre des communautés au Nigeria." D'autres points de vue sont plus positifs. Ainsi, par exemple: "Dans la majorité des pays d'Afrique, les progrès proviennent des exigences des peuples pour un modèle de démocratie fondé sur un État de droit; des efforts de promotion et d'intégration économique, culturelle et sociale, aussi bien au niveau des sous-régions que des régions; de l'engagement pris par de nouvelles autorités, concrétisé dans le NEPAD (New Partnership for the Development of Africa), dont le principe fondamental est la bonne gouvernance."

Si nous considérons les situations locales dans lesquelles les organisations sont actives, à l'exception de deux rapports de Somalie et du delta du Niger, les nouvelles sont positives. Une organisation nigérienne écrit: "Un progrès énorme a été observé vers une culture de la paix dans notre État, particulièrement cette année à mi-parcours de la Décennie. Les indicateurs pour évaluer ce progrès sont : 1. Le retour chez elles des populations ayant fui les fusillades qui ont eu lieu dans ces zones. 2. La reprise des activités économiques. 3. Le comportement des jeunes qui auparavant s'étripaient les uns et les autres, et qui aujourd'hui s'embrassent en public et jurent que les hostilités ne se reproduiront pas. 4. Le gouvernement de l'État reporte son attention sur des activités de développement et utilise des fonds pour les poursuivre."

Une organisation du Ghana écrit: "Nous avons réussi à établir la paix entre trois peuples ruraux et tropicaux du Ghana. Nous leur avons également enseigné l'importance de la tolérance. [...] Les communautés se réunissent pour discuter de questions de développement qui n'existaient pas auparavant, quand tout n'était que conflits et litiges."

Ce rapport nous a été envoyé de la République démocratique du Congo: "Malgré la violence armée et d'autres

formes de violence qui affligent notre pays, la République démocratique du Congo, [...] les actions de la société civile dans la recherche d'une paix durable et d'une culture de la non-violence ont été remarquées. Notre travail a été difficile pendant la période comprise entre 1998-2004, où nous sommes passés de l'intimidation au dialogue, de la violence à la médiation entre les différentes parties en conflit."

Et au Burundi, "Un progrès notable a été constaté dans la culture de la paix et de la non-violence au Burundi. [...] Notre idée rénovée de "déminage de l'esprit" [...] permet encore, grâce à des actions appropriées, l'éradication de toutes les formes de division et de haine, l'acceptation mutuelle et la réconciliation progressive. Grâce aux campagnes menées depuis fin 2004 sur cette idée de déminage des esprits, plus de 500 organisations et personnalités du Burundi ont adhéré à la campagne contre les mines "dans l'esprit" des gens, ainsi que contre les mines antipersonnel."

Les jeunes sont à la tête du mouvement: "Dans les écoles, des clubs pour la paix et des clubs pour les droits de l'homme se créent." Plus de la moitié des organisations sont dirigées par des jeunes et sont orientées vers la jeunesse. Un exemple typique d'organisation de jeunes: "Les activités pour la construction de la paix et la résolution des conflits ont été entreprises par et parmi les jeunes de la population grâce à une méthode participative." Et un cas particulier: "Nous avons pu diffuser un message de paix auprès de plus de 100 000 personnes en utilisant une caravane de chameaux."

Les organisations de femmes jouent également un rôle important, à l'échelle internationale, comme nous l'avons vu plus haut, mais aussi au niveau national et local.

OBSTACLES: Les principaux obstacles presque toujours mentionnés sont le manque de moyens économiques et techniques, tels que les moyens de transport et les installations Internet, ainsi que le "faible niveau de coopération ou de réseaux entre les ONG".

Les médias sont souvent présentés comme un obstacle: "Les médias ne se sont pas montrés disposés à soutenir la campagne, et ceux qui ont accepté de couvrir l'événement ont demandé de l'argent aux organisateurs." De plus, ils encouragent la violence du fait de: "la prolifération des jeux vidéo et des salles de cinéma locales qui projettent des films violents à longueur de journée." Une organisation a abordé directement cette question: "Nous avons embauché une personne (un journaliste) dans chacun des organismes de presse pour former les journalistes. Une fois formés, ces derniers écrivent souvent dans les médias sur la non-violence et l'environnement, et nous faisons la même chose avec les responsables de la programmation télévisuelle."

page précédenteaccueilpage suivante