ARAB SPRING, RUSSIAN SPRING, LATIN AMERICA SPRING?

(Une version française suit en dessous)

A few years ago I was encouraged by the movement of the Arab Spring, writing in this blog that “the Arab spring and the ongoing democratic revolutions in the Arab countries are providing an important new momentum towards a culture of peace.”

And in the spring of this year I was encourged by the anti-war movement in the Russian Federation, writing here that “Tens of thousands of Russians are protesting the war and their voices cannot be silenced.”

Unfortunately, both the Arab Spring and the “Russian Spring” were effectively suppressed by the forces of the culture of war.

This month in CPNN, I describe another regional movement for the culture of peace, taking place throughout Latin America? Can it survive?

The role of Lula da Silva is especially important in the “Latin American spring”. He is leading in the polls for the Presidential election to take place in October. But Brazil has a history of military coup d’etats, kangaroo courts and assassinations, and already one of the candidates alongside Lula has been assassinated. His political party, the Workers Party of Brazil, is resisting the menace, even providing workshops on the culture of peace, but will they succeed?

However, even if the “Latin American spring” is suppressed, that is not the last word. As I wrote eight years ago during a similar “progressive wave” in Latin America, “even if Latin America is blocked from installing a culture of peace at national levels in its own zone, its attempts to move in this direction will have a lasting effect on the consciousness of its citizens and we may be confident that it is there, in consciousness, that history will ultimately be determined.”

Movements can be suppressed, but the people that have been mobilized do not disappear.

For example, when we started the culture of peace program at UNESCO in the 1990’s, there was a meeting in which those of us most involved recalled how we had all been inspired by our participation in the movement of the 60’s against the war iin Vietnam. As an American, I had experienced 1968 while living in Italy. Two of my colleagues from Latin America had experienced 1968 while living in Europe.

Consciousness is not easy to measure, but it becomes a determining factor at certain moments of history when the dominant regime (i.e. the culture of war) collapses from its own contradictions. This occurred in the 60’s with the war in Vietnam, at the end of the 80’s with the collapse of the Soviet Empire.

As we approach another such moment, with the imminent collapse of the American Empire, we should call upon the veterans of the Arab Spring, the Russian Spring, and now a Latin American Spring to take up again their activism and work for the transition to a culture of peace.

Returning to that moment when we started the Culture of Peace initiative at UNESCO, perhaps we can learn from that experience.

It was a special moment in history because the Soviet Empire had recently collapsed and it seemed that peace was possible. I wrote the following words for the 1989 meeting in Yamoussoukro, Cote d’Ivoire that launched the culture of peace at UNESCO:

The time has come to abolish violence
and to create a culture of peace,
to re-order the world economy,
to harmonize our relation to nature.`

The ground is ready
and the first sign of change can be seen.
Disarmament is no longer the image of a dream,
but it is shown as a scene on the evening news
and carried as a fact to the furthest village.

Two elements were key: we were working at UNESCO, a global international organization dedicated to “peace in the minds of men”; and the new Director-General of UNESCO, Federico Mayor, was a man of wisdom and courage who dared to demand that UNESCO fulfill its mandate for peace.

When the American Empire collapses, there will be a similar window of opportunity. I hope that there will be a new Director-General of UNESCO who has participated in the Arab, Russian or Latin American spring.

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PRINTEMPS ARABE, PRINTEMPS RUSSE, PRINTEMPS LATINO-AMÉRICAIN ?

Il y a dix ans, j’ai été encouragé par le mouvement du Printemps arabe, écrivant que “le printemps arabe et les révolutions démocratiques en cours dans les pays arabes fournissent un nouvel élan important vers une culture de la paix”.

Et au printemps de cette année, j’ai été encouragé par le mouvement anti-guerre dans la Fédération de Russie, écrivant que “des dizaines de milliers de Russes protestent contre la guerre et leurs voix ne peuvent être réduites au silence”.

Malheureusement, le printemps arabe et le « printemps russe » ont été étoufféés par les forces de la culture de guerre.

Ce mois-ci dans CPNN, je décris un autre mouvement régional pour la culture de la paix, qui se déroule dans toute l’Amérique latine ? Peut-il survivre ?

Le rôle de Lula da Silva est particulièrement important dans le “printemps latino-américain”. Il est en tête des sondages pour l’élection présidentielle qui aura lieu en octobre. Mais le Brésil a une histoire de coups d’État militaires, de tribunaux fantoches et d’assassinats, et déjà l’un des candidats aux côtés de Lula a été assassiné. Son parti politique, le Parti des travailleurs du Brésil, résiste à la menace, proposant même des ateliers sur la culture de la paix, mais réussiront-ils ?

Cependant, même si le “printemps latino-américain” est supprimé, ce n’est pas le dernier mot. Comme je l’écrivais il y a huit ans lors d’une “vague progressiste” similaire en Amérique latine, “même si l’Amérique latine est empêchée d’installer une culture de la paix au niveau national dans sa propre zone, ses tentatives d’aller dans cette direction auront un effet durable sur la conscience de ses citoyens et nous pouvons être sûrs que c’est là, dans la conscience, que l’histoire sera finalement déterminée.”

Les mouvements peuvent être réprimés, mais les personnes mobilisées ne disparaissent pas.

Lorsque nous avons lancé le programme de culture de la paix à l’UNESCO dans les années 1990, il y a eu une réunion au cours de laquelle les plus impliqués d’entre nous ont rappelé comment nous avions tous été inspirés par notre participation au mouvement des années 60 contre la guerre au Vietnam. En tant qu’Américain, j’avais vécu 1968 en vivant en Italie. Deux de mes collègues d’Amérique latine avaient vécu 1968 alors qu’ils vivaient en Europe.

Fondamentalement, ce qui est essentiel pour le progrès historique, c’est la conscience des militants sociaux. La conscience n’est pas facile à mesurer, mais elle devient un facteur déterminant à certains moments de l’histoire où le régime dominant (c’est-à-dire la culture de la guerre) s’effondre de ses propres contradictions. Cela s’est passé dans les années 60 avec la guerre du Vietnam, à la fin des années 80 avec l’effondrement de l’empire soviétique.

Alors que nous approchons d’un autre moment de ce genre, avec l’effondrement imminent de l’empire américain, nous devrions appeler les vétérans du printemps arabe, du printemps russe et maintenant du printemps latino-américain à reprendre leur activisme et à travailler pour la transition vers un culture de la paix.

Revenant au moment où nous avons lancé l’initiative Culture de la paix à l’UNESCO, nous pouvons peut-être apprendre de cette expérience.

C’était un moment spécial de l’histoire; l’Empire soviétique s’était récemment effondré et il semblait que la paix était possible. J’ai écrit les mots suivants pour la réunion de 1989 à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, qui a lancé la culture de la paix à l’UNESCO :

Le temps est venu d’abolir la violence
et de créer une culture de paix,
de réordonner l’économie mondiale,
de mettre en harmonie notre rapport à la nature.

Le terrain es prêt
et les premiers signes de changement sont visibles.
Le désarmement n’est plus l’image d’un rêve,
mais apparaît comme une scène au informations du soir
qui se déploie comme un fait dans le village le plus reculé.

Deux éléments étaient essentiels : nous travaillions à l’UNESCO, une organisation internationale mondiale dédiée à « la paix dans l’esprit des hommes » ; et le nouveau Directeur général de l’UNESCO, Federico Mayor, était un homme de sagesse et de courage qui a osé exiger que l’UNESCO remplisse son mandat pour la paix.

Lorsque l’Empire américain s’effondrera, il y aura une fenêtre d’opportunité similaire. J’espère qu’il y aura un nouveau Directeur-général de l’UNESCO qui a participé au printemps arabe, russe ou latino-américain.